vendredi 19 décembre 2014

Mission mouvementée à Abdijan

Salut Mon Ami Lecteur,

C’est bientôt Noël ! On sent un air de fête dans l’air (pas vraiment en réalité à Dakar mais on va faire comme si…). Et l’approche des fêtes me fait penser à une mésaventure qui m’est arrivée il y a quelques années. Mésaventure en 2 parties je précise (tu l’auras remarqué, mes aventures sont toujours multi séquencées), à Abidjan,  où j’arrivais  pour une mission (assez) longue durée, quelques temps après la fin de la 1ère crise ivoirienne (celle de 2002 – 2007).

Episode 1 : J’arrive à Abidjan
Le jour de mon arrivée donc, j’accepte l’invitation d’aller diner chez des amis. Fin de crise oblige, il y avait des militaires (lourdement) armés partout et j’étais moyennement rassurée à l’idée de rester tard dehors. Donc, diner expédié et mes amis me ramènent chez moi (à la résidence où j’étais descendue).

Evidemment, ça n’a pas raté, on se fait arrêter pour un contrôle routier (ils étaient systématiques à l’époque, sécurité oblige), on nous demande nos papiers, je donne (logiquement) mon passeport (je viens d’arriver alors…) et après l’avoir étudié avec attention (il a feuilleté toutes les pages, même si les infos personnelles sont sur les 2 premières pages uniquement), le militaire qui nous a arrêté me dit (dialogues à faire avec l’accent ivoirien) :
  • Militaire (en fermant son visage) : "Madame, carnet de vaccination svp"
  • Moi (bouche bée) : "…" (dans ma tête "carnet de vaccination jaam[1] ?!")
  • Ami 1 : "Mais chef, tu as besoin de carnet de vaccination pour quoi même ?"
  • Militaire (en haussant le ton) : "Oooooh, j’ai dit Maaadame…, carnet de vaccination SVP !!!"
  • Moi (un peu en panique quand même) : "Tenez, le voilà" (Ah ah, eh bien oui je l’avais sur moi ! Il était glissé dans mon passeport à la base)
Le militaire a un air déçu lorsque je lui tends mon carnet de vaccination, ce que je ne comprends pas sur l'instant (incompréhension rapidement dissipée)
  • Militaire (complètement dépité) : "Mais Madame toi aussi, c’est comment tu te promènes dans la ville comme ça avec carnet de vaccination !"
  • Moi (prenant de l’assurance) : "Ah chef, c’est carnet de vaccination tu as demandé non ? Voilà ça !" (je fais super bien l’accent ivoirien)
  • Militaire (un peu plus dépité) : "Bon, pardon, faut donner quelque chose pour le café. Pour nous là c’est caillou dé[2] !"


J’étais assez ébahie (j’ai quand même donné 500 FCFA. Je ne prends pas de risque), mais après une expérience comme ça, tu te sens tout de suite moins stressé(e) par tous les militaires armés, ce qui est vachement pratique si tu considères que tu te fais arrêter tous les 200 mètres (non tu ne payes pas la dime tous les 200 mètres… il te suffit de dire au gars (toujours avec l’accent) "Pardon, j’ai déjà donné à ton ami là bas").

Episode 2 : Je prends mes aises à Abidjan
Bref, je profite de mon séjour après cette mésaventure rapidement oubliée et je me fais rapidement de nouvelles amies, expatriées comme moi. Et pour notre dernier week-end avant de rentrer dans nos pays respectifs pour les fêtes de fin d’année, on décide de se faire la tournée des grands ducs (pour nous, ça se résumait juste à passer dans plusieurs boîtes de nuit (entrée gratuite pour les femmes) et on avait notre liste, donc pas de grands risques).

Donc on sort à 23h, après nous être soigneusement pomponnées. A un moment, on s’arrête à un feu rouge (que des étrangères, on respecte la loi !) et on redémarre tranquillement, quand il passe au vert… Pour nous faire immédiatement siffler par une voiture de patrouille qui passe par là.

On s’arrête, imperturbables (nous avons toutes l’habitude des "contrôles", et on ne se pose pas vraiment de questions. On prépare même le tarif de base… 500 FCFA). Sauf qu’après nous avoir demandé nos papiers, le militaire nous demande de nous garer sur le bord de la route et retourne à sa voiture avec tous nos papiers. Au bout de 10 mn, on commence à être passablement mal à l’aise et Copine #1, la plus intrépide d’entre nous, décide d’aller voir ce qui se passe (avec nous toutes derrière. Règle de survie #1 dans la jungle : Toujours rester groupé !!!). 

Et là, réponse complètement surréaliste du militaire
  • Militaire : "Madame, je vous ai arrêté parce que vous avez grillé le feu rouge"
  • Copine #1 (un peu sciée) : "Comment ça on a grillé le feu rouge ? On est passé au vert"
  • Militaire (sans ciller) : "Oui, mais vous aviez l’intention de griller le feu rouge. C’est parce que vous nous avez aperçu que vous avez décidé de marquer le feu, sinon vous l’auriez sûrement grillé"
  • Nous toutes (complètement sciées) : "…" 
  • Militaire (toujours sans ciller) : "Et si vous voulez partir, c’est 5 000 FCFA" (Aaah là on comprend mieux !)
  • Copine #1 (outrée) : "C’est hors de question, nous n’avons rien fait. Vous n’avez pas le droit de nous retenir"
  • Militaire : haussement d’épaule "Comme vous voulez. Faut rester là"

Il était 23h30… A 00h, on essaie une médiation, véto de Copine #1 "Hors de question qu’on paie, on n’a rien fait !"... A 00h30, toujours véto de Copine 1 (vous vous demandez pourquoi l’une de nous n’est pas simplement allée payer les 5 000 FCFA pour qu’on puisse récupérer nos papiers et partir ? Règle de survie #2 : dans la jungle, les décisions sont collégiales (tout le monde avance ou personne ne bouge)… même si cela ne fait qu’empirer le mal quelques fois). A 01 heure du matin enfin, Copine #1 (boudeuse) accepte qu’on paie, mais elle refuse d’adresser la parole au militaire (question d'honneur, faut pas pousser quand même). On a qu’à aller lui dire nous même qu’on accepte de payer.

Ce qu’on fait…

Réponse du militaire hilare : "Eeeeh Madame, tarif là c’est 10 000 FCFA maintenant. A cause de vous on est ici depuis là, on n’a pas pu travailler (i.e. racketter les gens) donc ça là, faut rembourser"
  • Nous : "…"
 
Qu’est ce qu’on a fait ? On s’est dépêché de payer avant que ça n’augmente (inflation à Abidjan c’est rapide dé !)

Si on est allée en boîte après ça ? Bien sûr !!! Et on a fait toute notre liste, en tirant la tronche (Copine #1 était encore en colère d’avoir dû céder).

Et quand on a raconté notre histoire, nos amis ivoiriens nous ont dit que :
1. Nous avions échappé à une mort certaine (huumm) ! Beaucoup de conducteurs ont tout simplement disparu de la nature après avoir été amené au poste suite à un contrôle routier (Re huuuummm! Ici je penche clairement pour la légende urbaine)
2. On nous a fait payé le prix fort parce qu’on était étrangères (celui là je l’ai eu un peu en travers de la gorge) et que le tarif standard était de 500 FCFA avant minuit et 1 000 FCFA (double tarif) après minuit (donc le gars disait vrai : c'est vraiment un travail !!!)

Si ça m’a dégoûté d’Abidjan ? Pas du tout ! J’adore toujours cette ville où même les mésaventures du quotidien on une autre saveur...

Ooouh là, je suis bavarde. Faut que je te laisse. A samedi prochain et…






[1] Interjection pouvant être traduite ici par "Pour l’amour du ciel !"
[2] La vie est dure

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Salut Ami Lecteur
Tu as aimé cet article... Pourquoi ne pas me laisser un message pour m'en faire part ? :-)