Salut Mon Ami Lecteur,
C’est bientôt Noël ! On sent un air de fête
dans l’air (pas vraiment en réalité à Dakar mais on va faire comme si…). Et l’approche
des fêtes me fait penser à une mésaventure qui m’est arrivée il y a quelques
années. Mésaventure en 2 parties je précise (tu l’auras remarqué, mes aventures
sont toujours multi séquencées), à Abidjan, où j’arrivais pour une mission (assez) longue durée, quelques
temps après la fin de la 1ère crise ivoirienne (celle de 2002 –
2007).
Le jour de mon arrivée donc, j’accepte l’invitation
d’aller diner chez des amis. Fin de crise oblige, il y avait des militaires
(lourdement) armés partout et j’étais moyennement rassurée à l’idée de rester
tard dehors. Donc, diner expédié et mes amis me ramènent chez moi (à la
résidence où j’étais descendue).
Evidemment, ça n’a pas raté, on se fait arrêter
pour un contrôle routier (ils étaient systématiques à l’époque, sécurité
oblige), on nous demande nos papiers, je donne (logiquement) mon passeport (je
viens d’arriver alors…) et après l’avoir étudié avec attention (il a feuilleté
toutes les pages, même si les infos personnelles sont sur les 2 premières pages
uniquement), le militaire qui nous a arrêté me dit (dialogues à faire avec
l’accent ivoirien) :
- Militaire (en fermant son visage) : "Madame, carnet de vaccination svp"
- Moi (bouche bée) : "…" (dans ma tête "carnet de vaccination jaam[1] ?!")
- Ami 1 : "Mais chef, tu as besoin de carnet de vaccination pour quoi même ?"
- Militaire (en haussant le ton) : "Oooooh, j’ai dit Maaadame…, carnet de vaccination SVP !!!"
- Moi (un peu en panique quand même) : "Tenez, le voilà" (Ah ah, eh bien oui je l’avais sur moi ! Il était glissé dans mon passeport à la base)
- Militaire (complètement dépité) : "Mais Madame toi aussi, c’est comment tu te promènes dans la ville comme ça avec carnet de vaccination !"
- Moi (prenant de l’assurance) : "Ah chef, c’est carnet de vaccination tu as demandé non ? Voilà ça !" (je fais super bien l’accent ivoirien)
- Militaire (un peu plus dépité) : "Bon, pardon, faut donner quelque chose pour le café. Pour nous là c’est caillou dé[2] !"
J’étais assez ébahie (j’ai quand même donné 500
FCFA. Je ne prends pas de risque), mais après une expérience comme ça, tu te
sens tout de suite moins stressé(e) par tous les militaires armés, ce qui est
vachement pratique si tu considères que tu te fais arrêter tous les 200 mètres
(non tu ne payes pas la dime tous les 200 mètres… il te suffit de dire au gars
(toujours avec l’accent) "Pardon, j’ai
déjà donné à ton ami là bas").
Episode 2 : Je prends mes aises à Abidjan
Bref, je profite de mon séjour après cette
mésaventure rapidement oubliée et je me fais rapidement de nouvelles amies,
expatriées comme moi. Et pour notre dernier week-end avant de rentrer dans nos
pays respectifs pour les fêtes de fin d’année, on décide de se faire la tournée
des grands ducs (pour nous, ça se résumait juste à passer dans plusieurs boîtes
de nuit (entrée gratuite pour les femmes) et on avait notre liste, donc pas de
grands risques).
Donc on sort à 23h, après nous être soigneusement
pomponnées. A un
moment, on s’arrête à un feu rouge (que des étrangères, on respecte la loi !) et on
redémarre tranquillement, quand il passe au vert… Pour nous faire immédiatement
siffler par une voiture de patrouille qui passe par là.
On s’arrête, imperturbables (nous avons toutes l’habitude
des "contrôles", et on ne se pose pas vraiment de questions. On
prépare même le tarif de base… 500 FCFA). Sauf qu’après nous avoir demandé nos
papiers, le militaire nous demande de nous garer sur le bord de la route et retourne
à sa voiture avec tous nos papiers. Au bout de 10 mn, on commence à être
passablement mal à l’aise et Copine #1, la plus intrépide d’entre nous, décide d’aller
voir ce qui se passe (avec nous toutes derrière. Règle de survie #1 dans la
jungle : Toujours rester groupé !!!).
Et là, réponse complètement
surréaliste du militaire
- Militaire : "Madame, je vous ai arrêté parce que vous avez grillé le feu rouge"
- Copine #1 (un peu sciée) : "Comment ça on a grillé le feu rouge ? On est passé au vert"
- Militaire (sans ciller) : "Oui, mais vous aviez l’intention de griller le feu rouge. C’est parce que vous nous avez aperçu que vous avez décidé de marquer le feu, sinon vous l’auriez sûrement grillé"
- Nous toutes (complètement sciées) : "…"
- Militaire (toujours sans ciller) : "Et si vous voulez partir, c’est 5 000 FCFA" (Aaah là on comprend mieux !)
- Copine #1 (outrée) : "C’est hors de question, nous n’avons rien fait. Vous n’avez pas le droit de nous retenir"
- Militaire : haussement d’épaule "Comme vous voulez. Faut rester là"
Il était 23h30… A 00h, on essaie une médiation,
véto de Copine #1 "Hors de question
qu’on paie, on n’a rien fait !"... A 00h30, toujours véto de Copine 1 (vous vous demandez
pourquoi l’une de nous n’est pas simplement allée payer les 5 000 FCFA pour
qu’on puisse récupérer nos papiers et partir ? Règle de survie #2 : dans la jungle, les
décisions sont collégiales (tout le monde avance ou personne ne bouge)… même si cela ne fait qu’empirer le mal quelques fois). A 01 heure du matin enfin, Copine #1 (boudeuse) accepte qu’on paie, mais elle refuse d’adresser la parole au
militaire (question d'honneur, faut pas pousser quand même). On a qu’à aller lui dire nous même qu’on accepte de payer.
Ce qu’on fait…
Réponse du militaire hilare : "Eeeeh Madame, tarif là c’est 10 000 FCFA
maintenant. A cause de vous on est ici depuis là, on n’a pas pu travailler (i.e.
racketter les gens) donc ça là, faut
rembourser"
- Nous : "…"
Qu’est ce qu’on a fait ? On s’est dépêché de
payer avant que ça n’augmente (inflation à Abidjan c’est rapide dé !)
Si on est allée en boîte après ça ? Bien sûr !!!
Et on a fait toute notre liste, en tirant la tronche (Copine #1 était encore en
colère d’avoir dû céder).
Et quand on a raconté notre histoire, nos amis
ivoiriens nous ont dit que :
1. Nous avions échappé à une mort certaine (huumm) !
Beaucoup de conducteurs ont tout simplement disparu de la nature après avoir
été amené au poste suite à un contrôle routier (Re huuuummm! Ici je penche clairement pour la légende
urbaine)
2. On nous a fait payé le prix fort parce qu’on
était étrangères (celui là je l’ai eu un peu en travers de la gorge) et que le
tarif standard était de 500 FCFA avant minuit et 1 000 FCFA (double tarif)
après minuit (donc le gars disait vrai : c'est vraiment un travail !!!)
Si ça m’a dégoûté d’Abidjan ? Pas du tout !
J’adore toujours cette ville où même les mésaventures du quotidien on une autre
saveur...
Ooouh là, je suis bavarde. Faut que je te laisse. A
samedi prochain et…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Salut Ami Lecteur
Tu as aimé cet article... Pourquoi ne pas me laisser un message pour m'en faire part ? :-)