Vous vous trouvez à un tournant de votre vie –
après un évènement marquant (la perte d’un être cher, de votre emploi après des
années de bons et loyaux services, une naissance…) ou à la suite d’un processus
personnel progressif – et vous avez décidé de prendre un nouveau départ.
Vous
êtes super motivé (et excité) par l’idée de lancer votre propre entreprise et
vous vous imaginez déjà à la tête d’une multinationale, veillant à la destinée
d’une centaine de personnes, avec votre nom en 3 dimensions au sommet d’une
"tour" de 10 étages (ben oui, nous sommes à Dakar, ça va être difficile
de trouver plus haut)…
Perso, je me suis lancée il y a quelques temps déjà
et – même si je n’ai toujours pas renoncé à la tour avec vue directe sur l’océan
– j’ai été très rapidement rattrapée par la réalité de la vie de travailleur en
freelance. Et j’aurais bien aimé qu’on me prépare à affronter certaines
situations qui peuvent s’avérer déstabilisantes dans un contexte où l’on a
surtout besoin de renforcer sa confiance en soi.
J’ai choisi de partager les 10 situations
suivantes, qui m’ont particulièrement marquée au cours des dernières années. Il
y a de fortes chances que passiez également par là si vous vous apprêtez à
sauter le pas, alors autant que vous soyez préparé.
1. Les gens
pensent que vous êtes en réalité au chômage. Dans un pays où, dans l’imaginaire
collectif, le summum de la réussite consiste à avoir un CDI et une prise en
charge médicale à (au moins) 80%, reconnaître que « non, on ne travaille pas (plus) dans une entreprise, on est à notre
compte », qu’on n’a donc pas de CDI et que l’on paye nous-mêmes notre
couverture médicale (pour les plus organisés), équivaut à déclarer haut et fort
« Je suis au chômage ! ». Attendez-vous donc à recevoir beaucoup
de conseils et de leads pour des positions que vous n’auriez jamais envisagées
dans vos pires cauchemars, avec un prime un commentaire « Arrête de faire la fine
bouche. Accepte ça en attendant de trouver mieux ». Il est vrai qu’il vous
arrive quelques fois d’alimenter vous même le flou à ce sujet (cf. point #3)
2. Ils se disent que puisque vous êtes au chômage, vous êtes maintenant disponible pour
assister à toutes les cérémonies familiales et sociales que vous ratiez
lorsque vous travailliez 10 heures par jour dans votre ancienne entreprise.
Sauf que maintenant, vous êtes plus proche des 18 heures par jour, entre les
prestations clients, le réseautage (déjeuner, afterwork, évènements liés à
votre activité, etc.) et la prospection proprement dite (vous devez
impérativement trouver de nouveaux clients avant la fin de vos missions en
cours si vous voulez être en mesure de payer vos factures).
3. Parce que voyez-vous, vous n’avez plus un salaire fixe garanti tous les mois. Bien sûr,
certains vous diront que, comme vous arrivez sur certaines opérations (rares) à
gagner – voire à doubler – l’équivalent d’un an de votre ancien salaire en moins
de 6 mois, vous n’avez qu’à budgétiser pour faire durer vos revenus sur une
année et éviter ainsi les périodes creuses. Sauf que, et vos amis économistes
vous le confirmerons, lorsque vos revenus augmentent, votre consommation a tendance à faire de même (même si pas proportionnellement)… Et vous vous retrouvez
inévitablement avec des périodes creuses (des gouffres) durant lesquelles vous
vous demandez s’il ne serait pas préférable de trouver un travail stable ;
question que vous soumettez naïvement à votre entourage, qui saute ainsi sur l’occasion
pour vous orienter vers une nouvelle opportunité totalement bancale, puisque
maintenant c’est prouvé : vous êtes au chômage !
4. Et malgré l’irrégularité de vos revenus, on vous conseillera de casser vos prix au
démarrage de vos activités, le temps de vous faire connaître. Erreur fatale !!!
En cassant vos prix, vous devrez travailler 2 ou 3 fois plus (comme si vous n’en
faisiez déjà pas assez) pour vous assurer un niveau de vie décent. Et comme
vous travaillerez souvent (et régulièrement si vous êtes performants) avec les
mêmes clients (nous sommes toujours à Dakar, il n’y en a pas des tonnes), et
surtout, vue l’efficacité du bouche à oreilles à Dakar, bonne chance pour faire
remonter vos prix après ! De plus, en cassant trop les prix, vous risquez
d’être touché par le "syndrome du
chinois" qui prévaut à Dakar et veut que ce qui est proposé à un prix
trop bas est forcément de mauvaise qualité. Il vous faudra donc trouver le
juste prix, celui que vos clients seront prêts à payer (de
nombreux sites sur le web proposent des conseils aux auto-entrepreneurs pour
fixer leurs prix et définir leurs marges).
5. Vous vous
transformerez en commercial pour vos pairs, et passerez presque autant de
temps à promouvoir leurs services qu’à vendre les vôtres (ce qui représente
déjà près de 40% de votre temps d’activité, voire 80% lors des périodes creuses).
Juste retour des choses en vérité, puisque les deux tiers des marchés que vous
arriverez à décrocher le seront par le biais d’un autre freelance qui aura
glissé votre nom à un prospect qui cherchait justement un profil comme le vôtre…
Après coup, vous vous dites que ça valait quand même le coup tous ces déjeuners
et afterwork qui vous grignotent un temps fou et vous obligent à travailler
sur vos livrables à l’heure où les autres sont dans les bras de Morphée.
…
Eh oui, Cher Lecteur, c’est le moment de se séparer
(temporairement). Oui je sais, j’avais parlé de 10 situations et vous aurez bientôt
le reste, ne vous en faites pas.
Alors je vous souhaite une bonne semaine de
travail, en attendant de vous retrouver la semaine prochaine, même endroit,
même heure, pour la suite de l’article.
Faudrait parler aussi des 10 situations qui encourageraient à l'entrepreunariat☺
RépondreSupprimerC'est prévu, pour très bientôt :-)
RépondreSupprimerExcellent !!! Vivement la suite... :-)
RépondreSupprimerPeut-être lancer ce réseau structuré de freelancers ?
Thank you so much Daouda :). J'aime bien l'idée du réseau de freelancers. On se lance ?
RépondreSupprimergreat initiative, le sujet en effet est très intéressant surtout que l'Afrique en générale regorge de ressource et de talent mais il y a encore tellement à faire.... je pense aussi que pour entreprendre il faut déjà rêver.... la situation que tu décrit à mon avis est la même partout en Afrique c'est une perception commune au continent...... ma proposition pour toi serait de penser à organiser des thé débats avec le partage d'expérience ou les gens pourront échanger se rencontrer c'est un thème extrêmement important......
RépondreSupprimerJe te reconnais bien là Steeve :). Ce que je trouve genial, c'est que les gens ont de supers idées autour de moi. Mais je t'avoue que je n'avais pas réfléchi de façon aussi approfondie à la question... A creuser je pense pour la faisabilité
RépondreSupprimerBravo et surtout merci d'avoir pris le temps de partager avec nous vos expériences d'auto-entrepreneuse.
RépondreSupprimerMerci pour vos idées, je les trouvent excellentes!! C'est pas facile d'entreprendre en Afrique surtout dans le Star-Up. Je pense que une discussion sur ce thème pourrai aider.
RépondreSupprimer