En 2002, tous les jeunes sénégalais voulaient
devenir footballeurs : on était
arrivé en finale de la CAN (finally !!!)
et surtout, on avait battu le France en
match d’ouverture de la coupe du monde
(même si nous n’avons finalement pas dépassé les ¼, c’est comme si on avait
gagné la coupe du monde) !!!
Si tu n'es pas sénégalais, tu ne peux pas comprendre |
En 2002 donc, tous les jeunes sénégalais voulaient
devenir footballeurs car en plus de l’engouement de la "victoire",
ils pensaient que c’était un moyen facile et rapide de gagner beaucoup d’argent.
Ce qui déjà à l’époque posait un léger souci dans la mesure où ils ne voyaient
plus du tout l’utilité des études, leur idole (dont je tairai le nom, même si tout le monde le connait) qui venait
de signer un contrat de £10 M (je crois) avec
Liverpool n’étant pas vraiment passé par "les bancs" (ou très peu). Bref, on voyait partout les
jeunes s’entraîner intensivement en prévision de leur future carrière
internationale.
Puis l’engouement s’émoussa peu à peu, les Lions du
Sénégal ayant renoué avec les prestations "moyennes" (je ne veux surtout pas être mauvaise langue)
lors des compétitions internationales. Et les talent scouts[1]
ne se bousculant pas vraiment au portillon, les têtes ont commencé à se tourner
vers l’autre sport roi du Sénégal : la lutte traditionnelle (avec frappe) !
Vois-tu AL[2],
Mohamed Ndao Tyson avait réussi à glamouriser ce sport, à coup d’opérations marketing
et de cachets qui pouvaient monter jusqu’à une centaine de millions de francs
CFA (oui bon, on est loin des £10 M de Liverpool mais comme on dit
chez nous, "kou amoul yaay nampa maam[3]"
et 100 M FCFA c’est toujours mieux qu’une poche trouée[4]).
Et du jour au lendemain, tous les jeunes veulent devenir
lutteurs professionnels. Les écuries fleurissent (comme de la mauvaise herbe, c’est le cas de le dire) et on voit désormais
partout des jeunes s’entrainant à la lutte sur les plages au début (ou toute étendue de sable disponible dans le quartier), puis dans les cours d’écoles
(publiques).
Objectif : Jackpot ! |
Et c’est là que le problème devient sérieux. Parce que
les très jeunes, qui vont encore à l’école et voient tous les jours leurs ainés
s’entrainer en leur disant "je fais ça pour
devenir millionnaire" se diront forcément "ah ben oui, voici mon seul avenir". Car
dans leur esprit d’enfant, il leur est impossible de mettre en doute les
paroles du seul modèle social qu’ils aient à leur disposition.
Et
comme la seule chose qu’ils ont appris à faire est de se battre, ils se
reconvertissent soit en agresseurs qui écument les rues de Dakar, soit en
nervis d’hommes politiques (on en connait même qui cumulent les 3 : lutteur célèbre + nervis + agresseur).
Et quand je vois les grandes affiches de combat, l’attitude
des lutteurs et surtout la violence qui règne dans (et hors) les arènes, je me demande : quelles sont vraiment les valeurs
qui sont en train d’être passée à la jeunesse sénégalaise ? (ceux qui ont vu le combat BG2 – ES dimanche
soir comprendront mon point[5]).
Alors quand le PM nous dit que les jeunes doivent
croire aux valeurs de civisme et de
citoyenneté qui fondent notre nation, moi je dis "oui,
tout à fait". Mais il me semble malheureusement que ces valeurs
de civisme et de citoyenneté ne sont plus vraiment d’actualité chez nous :
à force de courir derrière la DQ, les parents n’ont plus le temps ni l’énergie
d’éduquer leurs enfants à ces valeurs.
Et j’ai bien envie de lui demander "n’est-ce pas justement le rôle de l’éducation
nationale d’apprendre aux jeunes les valeurs de citoyenneté et de civisme ?
N’est-ce pas aux enseignants de se positionner comme modèle de ces valeurs ?".
Ce dernier point est un sujet sur lequel nous
reviendrons très bientôt car il est trop important à mon sens, pour être juste
abordé en fin d’un post.
D’ici là AL, je te demande de réfléchir à la
question "comment
faire pour redonner l’espoir et l’envie de se battre à notre jeunesse ?"
et de partager avec nous tes idées pour remédier à cette situation fort
déplorable.
Alors, à bientôt avec tes contributions ?
[1] Chasseurs de têtes
[2] Ami Lecteur
[3] Proverbe que l’on peut traduire par "qui n’a pas de maman se
contente de sa grand-mère" ou en plus simple "lorsque l’on n’a pas ce
que l’on veut, on se contente de ce que l’on a"
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