L'art et la manière de foirer son entretien d'embauche (part 2)

La semaine dernière je te parlais des situations cocasses, quelques fois surréalistes, que j’ai rencontrées lors d’entretiens d’embauche. J’en étais donc à mon entretien avec Mme_Je_tire_la_tronche qui était arrivée avec 2h30 de retard sans jamais prendre la peine d’appeler pour s’excuser.

Suite de notre entretien donc…

• Moi : Je vois que vous avez passé 6 ans chez "Super_Multinationale". Quel était votre mission là-bas ?
• Mme Je_tire_la_tronche : Bla bla bla… (je vous passe les explications sur les missions)
• Moi : C’est intéressant dites-moi. Vous aviez une excellente position là-bas. Pourquoi avez-vous choisi de partir ?

Je m’attendais à une réponse du genre "je venais d’avoir un bébé auquel je voulais me consacrer…" (oui je sais, c’est un préjugé qui peut paraître sexiste. My bad !). 

Et là, la réponse qui tue :

• Mme Je_tire_la_tronche : à cause de mon patron. Il me détestait. En plus il était totalement incompétent, je faisais tout son travail à sa place…" S’en suit une véritable diatribe contre ledit patron… 

Ma décision fut prise (confirmée devrais-je dire) dès cet instant !

Je ne nie pas le fait que son patron était (peut-être) réellement comme elle le décrivait. Mais sérieusement, mets toi à ma place : la dame arrive (très) en retard à son entretien d’embauche, elle n’appelle pas pour prévenir, ne s’excuse pas pour son retard, n'essaie même pas d'être agréable et - pour couronner le tout - au cours de l’entretien avec sa (potentielle) future boss, crache sur son ancien boss ???

Je peux te le dire tout de suite : ça passe moyen (je me suis d’ailleurs sérieusement demandée si c’était vraiment le boss le problème ici. A méditer. )

J’ai donc posé deux ou trois questions supplémentaires par pure politesse puis j’ai remercié Mme Je_tire_la_tronche, qui est partie en restant calée sur sa ligne de conduite : ne jamais sourire !!!

1.       Le Talibé bis

Ma 3^ème mésaventure est un peu plus désolante (pour moi) vu qu’il s’agit d’un jeune homme qui avait passé toutes les étapes du recrutement et qui m’avait fait grande impression (intelligent, volontaire, de bonnes idées, qui n’avaient pas peur de prendre des initiatives…).

Il était donc en période d’essai depuis 2 mois dans mon équipe (j’avais déjà acté sa confirmation dans mon esprit), quand on reçoit un appel d’offres à traiter dans les 10 jours. Je le mets donc sur le dossier, sur lequel il avance plutôt bien les 2 premiers jours (on faisait un point quotidien sur l’avancement et les prochaines actions. Pas folle la guêpe).

Le 3^ème jour, il arrive le matin et m’annonce qu’il a reçu un ndiguel[1] de son Serigne[2] et qu’il doit se rendre à Touba le soir même.

• Moi : Mais tu veux partir combien de temps ? Tu n’as pas précisé le nombre de jours d’absence dans ta demande. C’est pour un aller-retour c’est ça ?
• Super_Collab : Ah, je ne peux pas te dire. Mon Serigne m’a fait appeler et il faut que j’attende qu’il me "détache"[3] pour revenir
• Moi : Ecoute, en temps normal je te laisserais partir sans problème mais là il y a la réponse à l’appel d’offres et on ne peut pas se permettre que tu ailles passer plusieurs jours à Touba
• Super_Collab (haussant les épaules) : Ah moi mon Serigne m’a appelé, je ne peux pas ne pas y aller
• Moi : Désolée, mais je ne signe pas ta demande d’absence. Par contre, tu peux m’en faire une autre pour le lendemain du dépôt de l’appel d’offres, en précisant le nombre de jour qu’il te faut
• Super_Collab: OK

Sauf que le lendemain matin, j’arrive au bureau, pas de Super_Collab. Je l’appelle sur son mobile, il décroche et m’annonce qu’il est en route pour Touba.

Quand je lui rappelle que j’ai refusé de signer sa demande d’absence, il me rétorque que oui, mais il est parti quand même.

Inutile de te dire que j’étais furax !!! Mail aux RH direct pour qu’ils préparent une demande d’explication.

Au bout de 10 jours sans nouvelles du gars, je me dis logiquement qu’en réalité il voulait démissionner et qu’il ne reviendra pas. Nouveau mail aux RH pour les en informer donc.

5 jours plus tard…

Qui vois-je en arrivant au bureau le matin ? Super_Collab tranquillement assis, qui me fait un grand sourire à travers la vitre.

Evidemment, je lui demande ce qu’il fait là (je n’ai jamais compris ce qui lui a fait croire qu’il pouvait juste revenir travailler et qu’il n’y aurait aucune suite).

Réponse (le plus sérieusement du monde) : "mon Serigne m’a yeewi hier, donc je suis venu travailler ce matin"…

Bon ben mon gars, moi je te yeewi de ton boulot !!! 

Malheureusement, les exemples sont encore trop nombreux et je me dis que peut-être les écoles de formation supérieure devraient intégrer cet aspect "entretien d'embauche" à leur cursus, pour s'assurer au moins de donner toutes les cartes à ces jeunes (et moins jeunes) qui se lancent dans l'arène professionnelle. 

Bon c’est vrai, j’avais dit que je ne te ferai pas de leçon sur les à faire / à éviter mais bon, là quand même, je pense que ces exemples méritent un petit récapitulatif des attitudes suicidaires lorsque l’on recherche un emploi. Dans le désordre :

-        Arriver en retard, ne pas appeler pour s’excuser et pire, ne pas s’excuser en arrivant

-        Présenter un abord totalement antipathique

-        Se montrer arrogant parce qu’on est sûr qu’on est le meilleur de toute façon

-        Tenir un discours négatif en général, sur son ancien boss ou pire, sur la personne qui recrute

-        Se montrer pédant ou je m’en-foutiste

-        … (la liste est longue)

Et si tu veux en savoir plus sur les "Do’s/Don’ts", il te suffit de taper "comment réussir/rater son entretien d’embauche…" sur le net et tu auras tous les articles que tu veux sur le sujet.

Sur ce AL, je te souhaite de bonnes vacances si tu fais partie des chanceux, ou bon courage si, comme moi, tu travailles au lieu de faire un reportage photo sur tes orteils au bord de la mer.

Xoxo

---

[1] Consigne non négociable de son Guide religieux

[2] Guide religieux

[3] Traduction littérale du mot wolof "Yeewi" qui signifie ici "libérer d’un engagement"